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avant l’amour

Madame Gannerault s’éloignait dans le couloir. Montauzat prit sa place. Assis près de moi, jouant avec mon éventail, il souriait d’un vilain sourire gêné qui enlaidissait sa face grasse et blême.

— Que vous êtes jolie, ce soir !… Cette petite robe blanche vous sied à merveille… Et ce petit cou si rond, ces petits bras…

— Mon Dieu ! fis-je avec ennui, n’avez-vous pas autre chose à me dire ?… Comment trouvez-vous mademoiselle Wilson ?

— Pas si jolie que vous.

Sa main, abandonnée le long du fauteuil de velours rouge, frôlait vaguement mon genou…

— Vous avez le plus joli teint… Et cette ligne d’épaules… J’aime beaucoup votre robe.

— Prenez garde, vous me chiffonnez, dis-je en me reculant.

Il reprit sa place derrière moi et me glissa presque dans l’oreille :

— Vous êtes méchante, ce soir… Que vous ai-je fait ?… Vous êtes méchante… méchante…