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avant l’amour

ments et, par cette magnifique journée, orageuse, éclatante, je jouissais de me sentir baignée dans les vibrations de la lumière et de la chaleur. Le chemin montait. À droite, la splendeur du blond paysage s’étendait jusqu’aux bouquets verdoyants de Galluis ; des houles couraient sur les moissons, sur le roulis écarlate d’innombrables coquelicots ; le vert délicat des peupliers s’argentait dans le ciel bleu de plomb où stagnaient de lourds et blancs nuages. À gauche, la dépression d’une étroite vallée charmait les yeux par les nuances plus fraîches des châtaigniers, des érables, des petits chênes. La ligne des saules indiquait l’invisible ru, au bas de la pente couronnée de pins d’un vert plus sombre. Maxime étendit la main.

— Regarde là-bas, Marianne. Te souviens-tu ?

— Oui. Tu m’aimais bien alors…

— Je n’ai pas changé, dit-il avec un sourire.

Le bois ouvrait ses allées solitaires tachetées d’ombre et de soleil. Au bord du sentier les bruyères érigeaient leurs brindilles minuscules