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avant l’amour

où tremblaient des clochettes roses. Maxime me tenait par la main. Une forte odeur, encens agreste de la forêt, dilatait nos poumons et nos narines dans la joie de respirer. Les saines résines, les herbes au frigide parfum de menthe, les résédas sauvages et les églantiers simples exhalaient vers nous leur âme amoureuse. Des lapins furtifs débouchaient, et parfois des merles, posés sur les branches basses, s’envolaient en sifflant avec un frisson bleuâtre sur leur dos noir. Quelques pas encore et nous entrâmes dans la profonde sablonnière éventrée pour l’exploitation, puis abandonnée, dans la région désolée des sables jaunes et rouges, des sables brûlants qui fuient sous les pieds, glissent en fines coulées sur la pente à pic et mettent dans la fraîche forêt des Piliers un coin d’Afrique farouche. De maigres bruyères se desséchaient çà et là, et les pins, plus hauts, plus sombres, plus violemment aromatiques, étendaient leurs nobles parasols.

— Reposons-nous un peu, dit Maxime.

Il me fit asseoir près de lui, dans l’ombre