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avant l’amour

— Il faut d’abord que je sonde l’esprit de Marianne, repartit madame Gannerault.

Le hasard m’avait fait entendre cette conversation. Aussi quand ma marraine me parla, assez maladroitement, d’un jeune homme que le docteur Guérin désirait nous présenter, je répondis spontanément :

— Je devine le projet du docteur… Mais soyez convaincue, marraine, que le monsieur de Montfort perdra son temps.

— Mais enfin…

— Je ne veux pas me marier.

— Autrefois, cependant…

— Autrefois, vous-même m’encouragiez à la résignation devant le célibat. J’ai profité de vos leçons. Je ne veux pas être épousée par compassion… ou par raison.

— Ce jeune homme t’aimera.

— Qui sait ?… Moi, je suis certaine de ne pas l’aimer, lui ni personne.

— Fille fantasque ! Tu ne sais ce que tu veux.

Madame Gannerault me parla quelquefois encore du « jeune homme de Montfort… »