pu croire cela ? L’amant trahi et torturé se défend avec les armes qu’il trouve, et ne distingues-tu pas de la haine l’amour qui s’exaspère et se retourne contre son objet ! Non, je ne t’ai point haïe. Je ne te hais point.
— Tu me menaçais.
— Je t’aimais.
Maladroitement, je répliquai :
— En es-tu bien sûr ? Comment as-tu pu me proposer…
— Demande-moi pourquoi je ne t’ai pas prise, malgré la fureur de mes désirs, malgré tes imprudences ?
Je ne trouvai rien à répondre. Il reprit :
— Tu es comme toutes les femmes, toi. Tu conçois une forme spéciale de l’amour et tu crées des catégories arbitraires. Je ne t’ai pas aimée, dis-tu, parce que j’ai négligé de parer, par des subtilités et des mensonges, les volontés éternelles qui sont communes à tous les amants. Je t’ai désirée et je t’ai dit mon désir : j’ai souffert et j’ai avoué mes impatiences ; je t’ai montré ma vie, sans fard, dans sa tris-