Page:Tinayre - Avant l amour.pdf/37

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L’époque de ma première communion étant arrivée, je fus conduite, sous les auspices de madame Dumarquet, au catéchisme de Saint-Jacques. J’y brillai peu. Était-ce à cause des instructions techniques sans émotion ni simplicité, était-ce l’effet d’une préparation incomplète et maladroite, mais la religion qu’on me révélait n’émut ni mon imagination, ni mon cœur. Trois prêtres étaient chargés de nous instruire : le curé d’abord, bonasse et lourd ; l’abbé Lescot, bourru, très savant, dont je revois la face de paysan, la bouche amère et l’œil sceptique ; l’abbé Borromel, onctueux et pimpant, très apprécié par les mères des enfants libres, comme on appelait les catéchumènes conduites par leurs parents ou par des institutrices particulières. Ma marraine m’eût souhaité pour confesseur ce suave abbé Borromel aux soutanes de drap fin, aux ceintures de belle soie, aux boucles blondes fleurant l’eau de Cologne. Mais la foule des pénitents encombrait les approches de son confessionnal et je dus porter l’aveu de mes fautes au dur abbé