Page:Tinayre - Avant l amour.pdf/38

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Lescot qui ne s’humanisait pour personne. Il ne m’écoutait guère, assoupi dans la chaleur et le silence de la petite boîte, à cette heure crépusculaire si solennelle dans les églises vides où le moindre bruit de chaise remuée se répercute en sonore écho. Il m’adressa enfin quelques banalités pieuses : « Il faut aimer Notre-Seigneur… obéir aux parents… votre excellente famille… vos bonnes maîtresses… Et la très sainte Vierge que vous aimez de tout votre cœur, n’est-ce pas, mon enfant ?… » Je me crus obligée de répondre, la très sainte Vierge m’étant complètement indifférente, que je ne l’aimais pas autant que je l’aurais voulu… L’abbé Lescot parut surpris : « Vous n’êtes donc pas une enfant sage ? » me dit-il non sans rudesse. Je répondis que j’allais à l’office parce qu’on m’y conduisait, que je n’avais aucune ferveur et que je ne demandais pas mieux que de devenir dévote ! « Il ne s’agit pas d’être dévote ! » Il mêla dans son discours, la grâce et la persévérance, les anges et les démons, puis il me ferma au nez la petite