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avant l’amour

guère, mais qui bouleversa jusqu’à la terreur les fillettes nerveuses et faibles. Des enfants fondaient en larmes ; d’autres demeuraient stupides. Ils étaient rares, ceux qui portaient dans leurs yeux la sérénité confiante, le joyeux espoir de la foi. Et pourtant, quel puissant levier posséderait l’Église pour soulever les âmes d’un tel élan vers l’infini qu’après la chute dans la réalité vulgaire cet élan fût inoubliable à jamais. Elle allumerait dans l’ombre discrète des cœurs la lampe d’idéal qui luit jusqu’à la mort, malgré les coups de vent de la vie. Mais la poésie a déserté l’autel où officient des fonctionnaires. Le catholicisme, dans les grandes villes, n’a plus d’apôtres, ni de martyrs. Il n’inspire plus les artistes. Quelle parole vraiment divine trouverait un écho dans ces sanctuaires où tout est tarifé : la chaise où l’on prie, les cierges des noces, le drap banal des morts ; où le lucre et le mensonge éternisent leurs agitations stériles parmi le mauvais goût effroyable des Sacrés-Cœurs en plâtre peint ?