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Page:Tinayre - Gérard et Delphine - La Porte rouge.pdf/23

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II


La voiture qui avait amené Delphine disparut à un tournant, dans la direction de Montfermeil. Alors, Gérard entraîna la jeune femme. Ils étaient seuls, sur le pavé du roi. La vieille route s’en allait, déserte, entre ses deux files d’ormeaux argentés de lichen et caressés d’un soleil pâle. On voyait des bouquets de bois violets et roux, des chaumières, des jardinets clos de palissades, où des choux frisés gardaient, au creux de leurs gaufrures, des gouttes de rosée oubliées par l’aurore. Était-ce avril ou février ? Les oiseaux s’y trompaient sans doute, car ils jetaient de petits cris qui essayaient d’être un chant.

Gérard ne savait que répéter :

« Delphine !… Delphine !… »

Il froissait la pelisse de velours noir et le capuchon à demi rabattu sur le cher petit visage qu’il aimait. Elle était là, toute la douceur du monde, Delphine de Vauvigné. Elle était avec Gérard, et