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— Rejoignez-moi tout à l’heure dans la Galerie.

Et il alla vers Gérard. Celui-ci considérait le sang que pompaient les mouches noires et bleues.

— C’est ici, dit M. de Gouvernet, qu’ils ont assassiné le pauvre Des Huttes. Là-bas, sous le balcon du roi, ce fut Varicourt… et combien de blessés !

— Les gardes ont héroïquement défendu un roi qui ne leur permettait pas de se défendre, fit tristement Gérard. Et vous verrez qu’on les accusera d’avoir provoqué le peuple.

M. de Gouvernet, un peu embarrassé, parce qu’il avait insisté, pour le départ des gardes, dans la soirée du 5, avoua qu’on ne pouvait empêcher les légendes de se former et de courir. Et il convint que les précautions avaient été mal prises.

— Vous étiez si malade que vous n’avez pas connu ce qui se passait, presque sous votre appartement. Cela vaut mieux pour vous. La maladie vous a épargné un souvenir effroyable, mais vous paraissez bien faible encore et bien souffrant. Vous n’auriez pas dû sortir.

— Pouvais-je demeurer dans ma chambre, seul avec mes pensées ? Ce matin, un secrétaire de M. de Montmorin est venu me voir. J’ai su, par lui, l’assaut du Château et le départ du roi. Ces nouvelles m’ont accablé. J’ai pleuré sur nos malheureux souverains et sur nos pauvres camarades. Et puis, me sentant un peu plus fort, j’ai voulu descendre. Quelle impression m’a donnée