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Page:Tinayre - Gérard et Delphine - La Porte rouge.pdf/286

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ce grand bâtiment vide ! Les ministres, leurs familles, leurs serviteurs, leur personnel, tout est parti…

— Il y avait bien deux mille voitures qui suivaient le roi : les administrateurs, l’Assemblée, les services… et cette foule ! Ces femmes à cheval sur les canons, ce peuple portant des branches d’arbre, comme aux processions des Rameaux ! Lugubre fête ! La voiture du roi oscillait, tant elle était pressée par ce flot d’hommes. Le voyage a duré sept heures. Ils sont aux Tuileries, maintenant, et l’on a commencé ce matin à déménager Versailles.

— N’y reviendront-ils plus ?

— Je ne le crois pas. En partant le roi m’a dit : « Vous restez le maître ici. Tâchez de sauver mon pauvre Versailles. » Je redoutais le pillage. Aussi m’a-t-on laissé, en renfort, un bataillon de la garde parisienne, avec son commandant. M. de Montmorin était fort en peine de vous. Il souhaitait que vous allassiez à l’Infirmerie.

— Ce n’est pas nécessaire. Je partirai demain pour Paris.

Ils entrèrent dans le Château, par le vestibule de la Cour de Marbre.

— C’est ici que Varicourt a été haché de coups, dit M. de Gouvernet. Les assassins l’ont traîné dehors. Ses camarades défendaient le palier. Les plus jeunes auraient bien voulu tirer sur la canaille, mais leurs brigadiers ont empêché toute action par les armes ; et le seul émeutier qui ait