Page:Tinayre - Gérard et Delphine - La Porte rouge.pdf/41

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toujours armé, parce que la banlieue de Paris et de Versailles, regorgeait de vagabonds accourus de toutes les provinces. Il suivait un sentier, à travers le taillis, et il arrivait à une porte de fer, peinte en rouge, enfoncée dans le mur du parc. La partie inférieure était formée par un panneau plein ; la partie supérieure par des barreaux très rapprochés. On ne pouvait rien voir entre ces maudits barreaux, mais on pouvait entendre. Et Gérard entendait Delphine, qui lui parlait, en chuchotant. Il répondait de la même façon. Un gros chien danois, très méchant, gardien nocturne corrompu par des gâteaux, gênait ces rendez-vous. Delphine le tenait au collier. Il grondait, quelquefois, non plus contre Gérard, mais contre un hibou volant trop bas, ou un rat, on un braconnier.

Sevestre brûlait d’escalader le mur, ou d’enfoncer cette porte rouge, que l’on n’ouvrait jamais et dont la clé était perdue. Mais Delphine lui défendait cette folie. Elle n’était pas sûre de la bonne humeur du chien, et si Gérard était surpris par le jardinier, il recevrait un coup de fusil, car le bonhomme était moins facile à séduire que la bête.

Les pauvres amants avaient encore la chance de se rencontrer chez Grace Elliott. Cela arrivait sept ou huit fois dans l’année. Et le reste du temps, le hasard — qu’ils aidaient — les réunissait chez M. de Montmorin, ministre des Affaires étrangères, dont la fille bien-aimée, Pauline de