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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/130

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L’adagio de la Symphonie amoureuse ! Dans le cerveau volontairement obscurci de l’artiste toutes les pensées, toutes les images du présent s’étaient dissoutes. Le souvenir qu’altèrent les mots de la confidence balbutiée et même les paroles mentales de la méditation, le souvenir prenait sa forme essentielle : la musique.

Adagio non troppo lento… L’harmonie descriptive évoquait le paysage de Tivoli, par un soir brûlant, où le vent, chargé des fièvres de l’Afrique et des odeurs de la mer, bat doucement, de ses ailes lourdes, entre les montagnes bleues.

Tout chante !

Un frisson de notes légères, un ruissellement de cristal… Les fraîches eaux, glissantes sur la roche déclive !… Un murmure indéfini… Les cyprès, hautes flammes funèbres, fuseaux des Parques défuntes, âmes sombres du sol latin, les cyprès se sont émus. Ils chantent !

Les oliviers, convulsés par la lutte des racines avec le rocher, frémissent de tous leurs bras noueux, sous leurs chevelures d’argent ; leurs ombres translucides flottent sur l’herbe mouillée de lune, et ils chantent !