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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/133

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beauté de cette musique, restent immobiles, et s’interrogent du regard. Mais, sur un long arpège, strident, déchiré, le chant s’interrompt. Clarence, la tête dans les mains, les coudes sur le piano, pleure, pleure…

Cette fois, Pauline a compris. Elle crispe ses deux mains sur les épaules de son fils et de sa fille, et les attire en arrière, contre elle… Un moment passe… Va-t-elle se retirer ?… Ne sent-elle pas la Présence mystérieuse ? Qui donc oserait intervenir entre la morte et le vivant qui se parlent, dans un silence de tombeau ?

Mais une jalousie inconnue saisit Pauline aux entrailles. Non ! pas cela ! pas cet adultère là… Que l’Autre s’en aille, enfin, qu’elle retourne au sépulcre ! L’épouse a reconquis l’époux, les enfants ont reconquis le père.

Et madame Clarence dit à Germaine, tout bas :

— Ton papa est un peu malade. N’aie pas peur… Va, toute seule, bien doucement, va l’embrasser, ma chérie.