Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/137

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l’as répété bien des fois depuis seize ans ! — je suis une simple et honnête mère de famille, une femme de tout repos… la femme qui convient à un homme de ton âge… Allons ! tu prendras le dessus, à la fin des fins… Si tu essayais de manger !… Ça me désole que tu ne manges rien ?… Tu fonds comme une chandelle. Dis ce qui te ferait plaisir ?… Rien !… C’est navrant… Quand je te vois si maigre, si jaune, je me fais une bile !… Non ! tu n’as pas idée !…

Madame Clarence avait, comme les gens du peuple, une foi superstitieuse dans les vertus de la bonne nourriture, et les biftecks, les huîtres, le vieux bordeaux, lui paraissaient un indispensable adjuvant aux exhortations sentimentales. Quand l’appétit va, tout va ! L’appétit de Georges n’allait guère.

Le médecin avait rassuré Pauline.

— Monsieur Clarence n’est pas en danger. Il a les nerfs ébranlés, et la dépression morale est complète. Ne le contrariez pas ; prenez, adroitement, de l’influence sur son esprit ; tâchez de le distraire…

Les mots « dépression morale » n’avaient