Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/138

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pas de sens pour Pauline. Elle se disait : « Georges a reçu un coup » ; mais, puisque le coup n’était pas mortel, puisque Clarence n’avait pas de maladie déterminée, elle n’avait aucun motif d’être au désespoir. Et elle trouvait, souvent, que Georges était bien romanesque. Il avait franchi l’âge des passions et il affectait un chagrin démesuré, un chagrin orgueilleux, qui ne ressemblait à aucun autre chagrin ! Il parlait comme les jeunes amoureux, dans les poésies !…

Elle avait envie de lui dire :

« Tu as quarante-six ans. Tu es père : tu pourras être grand-père, sous peu d’années. Tu as eu ta large part d’amour, de plaisir, de liberté… Tout finit. Ta liaison avec Béatrice devait finir… Le dénouement a été terrible, mais il est venu après neuf ans de bonheur, d’insolent bonheur !… Sois sage, mon ami. Rentre dans l’ordre familial, et bénis le sort qui m’a créée si patiente ! »

Sentiments vagues, presque toujours inconscients et qui composaient cependant l’armature secrète des pensées de Pauline, — les pires et les meilleures. Il y avait sous la générosité,