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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/142

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nécessaire, et il se reconnaissait aussi un devoir de gratitude envers la compagne dont il acceptait le dévouement.

Elle n’avait pas changé ; elle était toujours la petite bourgeoise autoritaire, active, satisfaite d’elle-même et qui bornait au monde matériel l’horizon de ses pensées, mais le hasard l’avait mêlée à la vie intime de son mari, et elle s’y était installée, obstinément. Les souvenirs de la catastrophe, du séjour en Algérie, s’associaient, dans la mémoire de Clarence, avec le souvenir des consolations de Pauline.

Quelquefois, il l’avait trouvée importune et il n’avait pas dissimulé son désir d’être seul… Elle avait obéi avec un air de tristesse plus émouvant que des reproches, et Georges, après un moment, avait senti le malaise de cette solitude dont il était déshabitué. Il avait éprouvé un ravivement de sa douleur, comme d’une plaie ouverte qui saignait. Alors, si faible, un peu lâche, il avait souhaité que Pauline revînt, malgré tout, et qu’elle répétât ces douces paroles qui coulaient en flot tiède sur le cœur blessé.

Maintenant il avait repris des forces et ce