Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/143

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souvenir lui donnait un peu de gêne et de honte. Consolations de Pauline ! Guimauve sentimentale, cataplasmes moraux, remèdes vulgaires qu’on réclame, dans l’irritation et le désarroi de la crise, et qu’on n’est pas très fier, ensuite, d’avoir désirés ! Pierrevaux avait méprisé ces soulagements misérables.

Mais Pierrevaux n’avait pas eu, dans sa simple et belle vie, les tiraillements et les compromissions qui dérangent la ligne d’une existence. Il n’avait aimé qu’un seul être ; il n’avait voulu qu’une seule chose ; nul conflit n’avait troublé la noble harmonie de son amour et de sa douleur.

« Allons ! se dit Georges, je ferai comme lui, à travers plus d’obstacles. Et Béatrice, là-bas, sera contente. »

Il rêvait à l’œuvre prochaine, à cette Symphonie douloureuse dont un thème — motif altéré de la Symphonie amoureuse — avait surgi sous ses doigts, un soir, presque à son insu… Les parties principales lui apparaissaient vaguement… L’absence… l’inquiétude… le désespoir… la berceuse funèbre… l’évocation… la solitude…