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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/160

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massives, empourprées par l’août torride et par le soir.

Une chaude poussière dorée monte, emplit le vaste Luxembourg. À l’unisson vibrent la fanfare des couleurs et la fanfare wagnérienne. Le « concert riche de cuivres » verse un peu d’héroïsme au cœur de M. Chalouette… Un vers éblouissant de Baudelaire flambe dans sa mémoire et s’éteint.

Six heures : exode des bébés, des mamans, des nourrices. Les bonnets pavoises, les petites voitures s’éparpillent, et sous les marronniers on trouve maintenant beaucoup de bancs libres, ornés de cailloux symétriques et de tas de sable, avec de petites pelles en bois, oubliées. La charrette aux chèvres fait sa dernière promenade et la marchande de coco range ses verres et ses citrons. La terrasse, autour du kiosque de la musique, entre l’Orangerie et la Fontaine Médicis, appartient aux rapins du quartier, aux modèles, aux étudiants créoles, nègres et demi-nègres, plus exilés d’être en vacances ; aux femmes, veuves de leurs amants, qui attendent l’aventure pendant la morte-saison de l’amour.