Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/164

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zélé, sera bientôt, pour les gamins de seize ans, « le père Chalouette ».

Et cela, et tout le reste, lui est bien égal. Il se connaît : esprit délicat, nature fine et sensible, un peu lâche, il se résigne à n’être qu’un amateur. Mais, avec sa manière de renoncer, de s’effacer, de dire : « À quoi bon ? » il se fait un plaisir secret de son dilettantisme : il a des mœurs simples, il n’a pas une âme simple…


— Tous les hommes sont des mufles.

Une voix enfantine, aiguë, durcie de haine, articule cet aphorisme, presque à l’oreille de M. Chalouette.

Il lève les sourcils, d’un mouvement nerveux qui fait tomber son lorgnon, et il n’ose pas bouger, regarder les deux femmes qui viennent de s’asseoir derrière lui, sur le banc.

— Oui, des mufles, des mufles, j’te dis, Mirame ! I’ n’ont pas de délicatesse… À preuve…

La voix puérile commence une longue histoire vulgaire et compliquée, histoire d’amour et d’argent, de mensonge et de « lâchage ».