Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/169

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Mirame fait quelques pas. M. Chalouette la suit. Elle parle de ce Nanteuil, gloire obscure qui semble la fasciner. Il ne l’entend pas. Il la regarde, de profil, et il accompagne le fantôme de Cléri qui marche sur les feuilles sèches.

1893… Le symbolisme régnait et Wagner n’était pas à la portée de tout le monde. Les jeunes hommes s’habillaient comme Rastignac ; les femmes avaient des jupes cloches, des manches bouffantes, telles Musette et Mimi. Les esthètes n’étaient pas absolument ridicules. La Bodinière florissait. Ô temps lointains du Sâr et de la Rose-Croix ! André Chalouette avait encore un avenir devant lui. Le rêve et la réalité, la poésie et l’amour, la muse et la maîtresse, il croyait tout posséder à la fois quand il étreignait Cléri.

— … J’ai posé chez Carloz Schwabe. J’étais maigre… À présent, je suis mince. C’est mieux.

… Cléri était mince et souple : une couleuvre ! On la reconnaissait dans tous les tableaux de son mari : — La Dame aux TournesolsLa Belle et l’Hippogriffe. — Car son mari était un peintre, mystique et farceur, un des bons camarades d’André Chalouette.