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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/168

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Clarisse qu’il appelait Cléri, d’un petit nom de tendresse et de caresse.

Toute pareille, — et, comme il écoute Mirame qui feuillette le livre et parle des revues mortes et des poètes défunts, la ressemblance apparaît, plus précise… Cléri : une jeune femme de vingt-cinq ans, pas belle, et presque pas jolie, et toujours plus que jolie et souvent plus que belle… Ses traits ?… Qui pourrait décrire ses traits ?… On ne les voyait pas ; on ne pensait pas à les regarder, parce que cette petite figure, miroir de l’âme changeante, reflétait toutes les émotions au passage et prenait tous les masques souriants ou tristes de l’amour. Petite figure au front large, sous des bandeaux sombres toujours défaits, aux yeux veloutés, aux joues pleines et délicieuses…

— … Vous n’avez pas connu Nanteuil !… Il disait ses vers aux soirées de la Plume, vous savez bien, dans le caveau du Soleil d’Or… Maintenant, il est à Montmartre…

— Qui ?

— Nanteuil !… Il était… mon ami… Je venais de lâcher les modes… J’avais dix-huit ans. C’était en 1893.