Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/219

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que pressentent même les tout petits garçons, Robert éprouva une émotion tendre, adorante, craintive.

— Pourquoi me fais-tu ces yeux-là ? dit-elle. Tu me trouves laide ?

— Oh ! non !…

— Jolie, alors ?

— La plus jolie…

— Plus jolie que tante Belle ?

Il rougit, n’osant déprécier la tante au profit de la marraine… Madame Cheverny devina le scrupule naïf de son cœur.

— Tante Belle est jolie aussi… autrement. Il faut l’aimer… Et il faut m’aimer aussi, si tu peux… Moi, je t’aime… Je te donnerai ma photographie, pour que tu n’oublies plus ma figure… Et tu la regarderas en pensant à moi… et à ta pauvre maman… Elle me ressemblait un peu… Et toi, mon trésor, tu ressembles…

— À qui, marraine ?

— À un petit garçon que j’ai perdu… C’est pour ça que… Oh ! non !… parlons d’autre chose. C’est trop triste, mon chéri… Ça me fait pleurer…

— Si tante Belle veut…, dit l’enfant, dont le visage brûlait de rougeur ardente.