Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/220

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— Quoi ?

— Je serai votre petit garçon, moitié à vous, moitié à tante Belle. J’irai un jour ici, et puis un jour chez vous…

— Plus tard… quand tu seras grand, répondit la marraine avec une voix toute changée, comme si elle allait pleurer…

… Dès ce jour, Robert fut conquis. Il avait senti la chaleur du sein de la femme, le prestige physique de l’être caressant, gracieux et doux… Tante Belle, qui avait cinquante ans, des robes noires, une figure de vieille demoiselle mariée trop tard, ne fut pas moins aimée qu’auparavant. Mais son amour était le pain quotidien et nécessaire… L’amour de la marraine, c’était un fruit parfumé…

Comme M. Cheverny, malgré sa bonté, restait plus loin du cœur de Robert ! L’enfant le trouvait vieux, parce qu’il avait quelques mèches grises sur les tempes, quelques fils argentés dans sa fine moustache militaire. Vraiment, on eût dit un officier en civil… Le notaire racontait que son ami Cheverny était un artiste, un architecte célèbre ; qu’il avait habité Rome dans sa jeunesse, et qu’il avait construit beaucoup