Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/236

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mon parrain… Je le revois, un peu las tout à coup, et vieilli, la main posée sur mon épaule… Pourquoi me suis-je senti plus seul et plus triste après ?… Il me semblait que les choses avaient un air méchant… Ah ! mon Dieu ! ce retour au lycée, cette attente !… Quelles heures j’ai vécues là-bas ! Et maintenant, c’est fini : mon parrain est mort, sans m’avoir revu, sans m’avoir parlé… »

Un flot de larmes monte à ses yeux. Mais, malgré lui, l’inquiétude personnelle, l’égoïste regret dominent son deuil.

Il se demande :

« Comment saurai-je, maintenant ? »

Le secret de sa vie appartient à trois personnes : l’oncle Bon, la tante Belle et madame Cheverny. Les deux premières ont le devoir de se taire, mais l’autre a le devoir de parler. La veuve hérite des droits, des charges, des responsabilités qu’assumait le couple. Ne serait-elle pas obligée, en conscience, de payer une dette consentie par le mari mort ?… De même, elle doit accomplir la promesse qu’il a faite.

Mais Robert pressent qu’elle aura de la répugnance à dévoiler, devant lui, presque enfant