Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/248

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Elle cache sa figure entre ses mains.

— Tais-toi !… tu ne sais pas… Oh !… comment ne suis-je pas morte ?

— Pourquoi ne m’avez-vous pas averti, tout de suite ? Est-ce que je n’aurais pas dû vous aider, vous réconforter, dans ces horribles moments ?… Et puis… je l’aurais revu…

— Non.

— Pourquoi, marraine ?

— Non, tu ne l’aurais pas vu… Et moi… moi… je ne l’ai pas vu… moi !…

Elle pousse un cri où il y a plus que de la douleur, une rage haineuse, féroce, presque animale… Robert pense qu’on a dû l’éloigner du lit funèbre, pour ménager sa raison et ses forces, et il ne s’étonne plus qu’elle l’ait oublié, lui, et les Lebon.

Soudain, elle le regarde avec des yeux secs et brillants, des yeux avides dont il sent le regard, comme un contact matériel, sur son visage.

— C’est vrai, Robert, tu l’aimais ? Tu le regrettes ?… Ce n’est pas mon immense douleur qui t’attendrit ?… Tu ne l’oublieras pas ?… Je pourrai te parler de lui, toujours, toujours, sans que ça t’importune ?… Oh ! que tu le pleures, toi,