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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/255

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Elle eut un sanglot :

— Ne pas t’élever, ne pas te caresser, ne pas t’instruire, ne pas jouir de ta gentillesse, de ta gaieté, de ton affection !… Ne pas être aimé de toi !… ne pas t’entendre dire : « Père… mère… ». Être loin… penser : « Que fait-il ? comment va-t-il ?… » Et, ensemble, dans les heures courtes et disputées de la solitude à deux, verser des larmes inutiles et dire : « Il saura, plus tard… Il nous jugera… »

Robert cria :

— Non !… non !… puisqu’ils m’ont aimé, puisqu’ils ont été malheureux !… Je les plains ! je les aime…

— Et puis les années s’en vont… avec la jeunesse… L’amour demeure ; l’obstacle aussi demeure… Et l’enfant grandit, là-bas… loin… Il s’étonne… il interroge… Que lui dire ?… La mère, surtout, s’effraie… Elle a peur de n’avoir pas mérité assez la tendresse du pauvre petit… Elle se rejette vers le compagnon de sa vie secrète, son unique ami, son unique amour… Elle le dispute à la famille, aux besognes professionnelles, aux corvées mondaines ; elle se dispute elle-même au fils, à la fille, qui sont mariés, aux