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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/254

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dents… loin de ce qu’on aime… sous les yeux hostiles d’une famille qu’on a dû épouser en épousant l’autre… le mari… sous les yeux inquiets des enfants qui, d’instinct, sont jaloux… Être veuve, pourtant ! libre devant la loi !… et demeurer prisonnière, parce que l’homme qu’on adore est prisonnier, parce qu’il ne peut pas se libérer !… Et puis… quand le temps est venu, s’en aller, sous des prétextes vagues, à la recherche d’un asile, compter les jours… et, toute déchirée encore, partir, en laissant un malheureux être qu’on adore et qu’on doit renier…

— C’était moi ! dit Robert, c’était moi ! Oh ! je n’aurais pas dû naître ! J’ai été cause de trop de mal et de douleur !…

— Non ! reprend madame Cheverny, ta mère t’aimait… Elle n’a jamais pleuré ta naissance. Elle n’a pleuré que ton absence et ce demi-abandon… Et pourtant, elle… et lui… ils te chérissaient, Robert… ils ont essayé d’arranger ta vie… pour que tu sois aimé… par d’autres… Et ce ne fut pas leur moindre supplice !… S’ils ont été coupables envers toi… tu peux leur pardonner, va ! ils ont souffert…