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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/279

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pilation physique que les enfants nerveux ressentent dans les ténèbres. J’avais envie de crier, de me lever, de fuir… Je me taisais, je ne bougeais pas…

» Au milieu de la salle, à dix pas de nous, mademoiselle Sylvia était assise. Sa robe se confondait avec la nuit. Nous la distinguions seulement à sa pâleur et à la pâleur des asphodèles et, presque sans la voir, nous la sentions secouée d’un tremblement imperceptible qui augmentait, qui s’exaspérait jusqu’au grelottement. Claymore adjurait l’Esprit de se manifester.

» — Ô ma sœur, disait-il, ô ma sœur affranchie du poids matériel, revêts pour un instant ta forme terrestre. Évoquée par la foi, appelée par l’amour, viens, Élisabeth, vers celui qui t’aime…

» Un souffle froid, léger, qui n’était pas le vent du dehors, qui n’était pas le filet d’air glissant aux joints des portes, un souffle indéfinissable fit dresser nos cheveux… Le médium fut saisi d’une espèce de convulsion, et Gérard Franckel gémit :

» — Oh !… le clavecin !… la sonate de Mozart !…