Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/34

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la toque et la robe rouge… Mais Georges n’avait aucun des goûts, et même aucun des traits paternels. Il était né flâneur, sensible, capricieux. Dès l’âge tendre, le démon de la musique le posséda. Madame Clarence s’aperçut, avec terreur, qu’elle avait enfanté un artiste.

Il suivit sa vocation, envers et contre tous, et fit pleurer la pauvre mère… Quand elle eut bien pleuré, elle songea aux moyens d’atténuer les malheurs infinis qui seraient, croyait-elle, la suite inévitable d’une carrière artistique. Car elle ne doutait pas que Georges ne dilapidât très vite leur petite fortune et n’épousât, après mille débauches, une « femme indigne ».

Elle craignait la « femme indigne » plus que la pauvreté. Et c’est pourquoi, discrètement, elle voulut préparer à son fils unique une épouse de tout repos, dans l’agréable personne de Pauline Favier, qu’elle avait recueillie, élevée, pétrie à sa ressemblance.

— Je mourrai heureuse, disait-elle à ses amies, si Georges épouse Pauline. Elle n’est pas riche, mais elle est sérieuse et sûre. Elle fera travailler ce grand fou. Elle l’empêchera de rouler dans la bohème et de gaspiller son talent