Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/37

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— Je suis pauvre… Heureusement que j’ai mes diplômes… Je trouverai une place d’institutrice à l’étranger.

Georges n’osa lui dire qu’elle s’exagérait peut-être le prestige du brevet supérieur. Il vit que ses larmes, son deuil, son courage, la rendaient touchante et il ne résista pas au plaisir de jouer un rôle providentiel, de changer une destinée… Aimait-il Pauline ? Il voulut le croire… Elle était désirable, vertueuse, intelligente, et, à défaut de passion, il sentait qu’il « l’aimerait bien », comme on aime une femme légitime…

Georges avait encore quelques préjugés sur la manière dont on doit aimer une femme légitime…


Il épousa Pauline. Elle désirait voyager ; il la persuada que la lune de miel serait plus douce dans la vieille maison où le souvenir de madame Clarence mêlait comme une bénédiction à leur bonheur. Paresseusement, il se laissa vivre.

Il avait cette imagination généreuse des artistes, qui transforme à leur gré la réalité, mais qui épuise vite le charme défloré des choses,