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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/39

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mots vagues. Et Georges devina qu’elle le trouvait presque ridicule, avec sa manière de mettre la poésie et la musique partout, même dans les incidents vulgaires du ménage. Pour elle, et pour tous les gens qu’elle fréquentait, la poésie était un luxe, un superflu, séparé de la vie réelle, comparable au salon qu’on s’enorgueillit de posséder, mais où l’on n’entre qu’à certains jours, et où l’on reste peu de temps, parce qu’on n’a pas l’habitude d’y vivre.

Les maîtresses de Pauline lui avaient enseigné qu’il y a des « sujets poétiques », excellents prétextes à « narrations françaises »… La promenade en gondole… le retour du marin… le clair de lune sur les ruines du Colisée… De même, il y avait des « sujets » pour la peinture et pour la musique.

C’était une esthétique de « bonnes sœurs », où subsistait quelque nuance de la niaise sentimentalité de 1845, à l’usage d’Emma Bovary. Georges ne pouvait faire un grief à Pauline d’avoir subi cette éducation vieillotte. Il pensa :

« Je la formerai.

Et il lui proposa de faire, avec lui, quelques