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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/58

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aux tempes, cet ovale court, ce sourcil mince, ce coin aigu de la paupière qui s’accorde avec le coin aigu de la bouche…

— Elle n’est pas jolie.

— Elle est belle.

— Ces beautés-là courent les rues à Milan…

Le vieux monsieur s’indignait :

— Les femmes ne savent pas voir une femme…

— Mais elles savent l’écouter… L’Alberi chante comme la Duse joue, avec le cœur. Si j’étais un homme…

— Oh ! ce serait dommage !

— Si j’étais un homme, je ne serais peut-être pas son amant ; mais, si j’étais son amant, je la ferais chanter toutes les fois que je serais tenté par une autre femme, et je serais presque sûr de ne la tromper jamais… Comprenez-vous ?

Tous rirent. Une des femmes demanda :

— Est-ce qu’elle aime, votre Alberi ?… Elle a quelque chose de si triste dans le sourire quand elle se tait…

— Elle n’a pas d’amant… officiel !

— Mais elle a aimé, cette femme-là ! Vous avez vu son visage, son geste, quand elle avoue