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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/63

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Le lendemain, il se présenta chez l’Alberi. Elle habitait, près du Forum de Trajan, un appartement qu’une duchesse romaine louait tout meublé à des étrangers. Comme Georges tremblait en montant l’escalier de marbre, verdi par l’humidité et gardé par des statues antiques !

Dans le salon immense où les tapisseries tombaient en lambeaux, sous le regard des martyrs convulsés et des madones noircies, elle vint à lui, étonnée, confuse. Que se dirent-ils dans ce premier entretien ? Ni l’un ni l’autre n’en garda aucun souvenir. Ils sentaient que les compliments obligatoires étaient sans importance. Quand Georges disait : « Oui, c’est moi… je suis venu… » ces mots seuls comptaient. Ils répondaient, ces mots, à un si étrange et si véridique pressentiment… Ils signifiaient :

« Je vous ai cherchée longtemps, et vous, n’est-ce pas, vous m’attendiez ? Me voilà… Et c’est une chose merveilleuse qui se prépare à notre insu… »

Il revint encore le lendemain ; et le soir, après le théâtre, il ramena Béatrice chez elle. Ils causèrent, cette fois, plus librement, et, quand il la quitta, la nuit était presque écoulée. Le jour