Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/73

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une aube dans leur sommeil. C’était une sensation imprécise et délicieuse, qui parfois réveillait Clarence. Il se disait : « Elle est là… » et savourait son bonheur, vite, avant de se rendormir.

Le lendemain, il se levait plus jeune que la veille et chaque jour lui donnait l’enfantin plaisir des vacances… Paris, la « rentrée », il n’y songeait pas. Il oubliait les lettres aussitôt qu’il les avait lues, et il évitait d’y répondre.

Travailler ?… Il n’avait aucun désir actuel de travailler, mais l’heure n’était plus lointaine où mille voix chanteraient en lui, mille voix qui animeraient bientôt le peuple docile des harpes et des violons. La Symphonie amoureuse, l’hymne à Béatrice, il l’avait conçue pendant les nuits de tendresse et de caresses, comme la femme conçoit l’enfant de son amour.


Et le temps de la séparation arriva.

Ni Georges ni Béatrice n’étaient inquiets de l’avenir. Ils avaient cet optimisme du bonheur qui ne veut pas voir les obstacles. L’idée d’une rupture, l’idée même de l’intervention d’un tiers, n’effleurait pas leur esprit.