Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/74

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Georges disait :

— Tu viendras à Paris : tu étudieras bien le français et, quand on reprendra Sylvabelle à l’Opéra-Comique, je te ferai engager pour un an. Après tes succès de Milan et de Rome, ce sera facile.

Elle répondit :

— Comme tu voudras.

— Pour le reste, ne t’en inquiète jamais. N’en parle même pas. Aie confiance. S’il y a des difficultés, elles seront d’ordre matériel. Ne crois pas que je vais briser un cœur tendre et dévaster une vie… Si cela était, tu me verrais non moins résolu, mais plus triste, car je ne suis pas méchant. Je t’assure que, moralement, je suis libre.

Béatrice n’insista pas. Elle eût souffert, elle aussi, du chagrin sincère d’une autre femme, d’une autre amoureuse, dont elle eût respecté le sentiment. Mais elle devinait que madame Clarence n’était pas une amoureuse, un être de faiblesse et de tendresse. L’image de cette personne positive, robuste et froide, ne lui inspirait, par avance, aucune jalousie et aucun remords. Quant à la morale offensée, Béatrice