Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/78

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enfants mêmes, malgré leur âge, étaient si bien élevés qu’ils avaient déjà la banalité des grandes personnes.

Alors Clarence sentit le poids et la résistance de cet édifice du ménage, de tous ces sentiments, devoirs et intérêts qui faisaient bloc et ne seraient pas faciles à disjoindre. Puis, à de vagues indices, il s’aperçut que Pauline soupçonnait sa liaison. Elle ne demandait aucun éclaircissement et ne semblait pas inquiète ou irritée. Elle avait toujours méprisé les « cabotines », et, parce qu’elle estimait Georges, elle le croyait incapable d’un sérieux attachement pour l’une de ces femmes qu’elle se représentait d’une manière crue et simpliste, comme un monstre de vénalité et de luxure. Les peintres ont des « béguins » pour les modèles, les compositeurs s’amourachent de cantatrices, et ce sont là des choses sans importance, des accidents professionnels que l’épouse légitime doit ignorer.

Quand Béatrice Alberi fut engagée à l’Opéra-Comique, madame Clarence témoigna un peu plus d’inquiétude et de curiosité. Elle assista, dans une loge, à la reprise de Sylvabelle, et les