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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/83

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charmilles. Voyez vous-même, Gineste, les branches ont poussé de travers. C’est fort vilain…

Elle s’avança sous les tilleuls qui formaient une petite avenue, de chaque côté d’un long tapis vert, jusqu’à la grille. Les beaux arbres, tout humides de l’averse nocturne, et tout pénétrés de lumière, laissaient tomber sur ses épaules des gouttes brillantes et des taches de soleil. Deux bancs de pierre, fendus par les gelées, gardaient de minuscules flaques d’eau qui reflétaient le bleu du ciel et la rousseur des frondaisons. Devant le château, les plates-bandes étalaient les pourpres bruns, les ocres, les violets rougissants, les ors rouilles des chrysanthèmes.

Madame Clarence, relevant d’une main son peignoir, respirait dans l’air la douceur de vivre. Il ne lui restait aucune amertume de la conversation récente, qui avait remué en elle bien des souvenirs. Au contraire : son âme était comme allégée par un espoir indéfinissable…

— Y a-t-il donc quelque chose entre eux ?… Une querelle ? Un malentendu ?… Pourquoi n’écrit-elle pas ?… Commencerait-elle à se détacher ?… Après neuf ans !… Eh bien, ce serait