Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/84

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dans l’ordre naturel des choses… Georges aura beaucoup de chagrin… Oui… Mais il n’en mourra pas… Et je lui ferai la vie si douce, si douce…

Elle était tout contre la grille, et, plongée dans sa méditation, elle oubliait de retourner sur ses pas. Et, comme elle levait les yeux, elle vit le facteur devant elle.

Alors, tandis que l’homme tirait, de sa lourde sacoche, des lettres et un journal, madame Clarence soupira de regret vague. Elle avait reconnu l’enveloppe bleue, que Georges attendait, là-bas, avec un frémissement de tout son être. Cette écriture fine, aux longs jambages, Pauline la regardait comme elle eût regardé un portrait de la rivale… Et il lui sembla que le jour automnal, si tiède, si doré, déclinait tout à coup vers le crépuscule…

— Comme vous êtes en retard, facteur !… Nous nous plaindrons…

L’homme s’excusait, mais Pauline ne l’écoutait pas. Elle revenait au château, lentement, tenant le journal et les lettres. Son peignoir traînait. Une goutte d’eau s’écrasa sur sa chevelure…

Elle pensait à la déception qui suivait d’autres