Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/95

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avec ceux qui les inspirèrent, et c’est dans les livres des poètes que la morte continue de posséder le vivant… « Allons ! se dit Pauline, c’est mon tour… Je vais consoler Georges… doucement… lentement… et le reprendre… »

Une cloche tinta… Des rires enfantins montèrent… Alors, Clarence, comme un dormeur mal éveillé, se détourna, et d’une voix molle :

— Viens-tu, Pauline ?… On va déjeuner…

Il plaçait la lettre dans la poche intérieure de son veston. Ses tempes, humides de sueur, brillaient ; ses cheveux gris étaient pleins de lumière, et l’immortelle jeunesse de l’amour rayonnait sur son visage coloré par l’afflux du sang. Pauline le vit, à cette seconde, tel qu’elle ne devait plus le revoir jamais, car presque aussitôt la flamme de ses yeux s’amortit, et, contrarié, comme un homme pris en faute :

— Eh bien, fit-il, qu’as-tu ?… Es-tu fâchée ?… Parce que j’ai lu, au lieu de causer, de répondre ?… J’étais impatient, tu le savais bien…

Il s’excusait ; madame Clarence secoua la tête :

— Non… Tu te trompes… Ce n’est pas…