— Vous êtes railleur. C’est vrai que je suis une pauvre provinciale ignorante.
— Et romanesque ?
— Oui, je l’avoue. J’aime les romans, mais pas ceux qui ressemblent à votre affreux Double Amour. J’aime les romans qui font penser, rêver, pleurer. Je suis très arriérée.
— Parce que vous avez une nature sentimentale.
— C’est un ridicule, aujourd’hui.
Il pensa : « C’est un danger », mais il répondit avec grâce :
— Un ridicule, non, madame. C’est un charme et même une originalité. Je ne savais pas retrouver au Château-d’Oléron une femme capable de relire Graziella.
— C’est un beau livre, si touchant !
Demarcys ne formula aucune opinion. Marthe l’intéressait par sa sincérité, par sa fraîcheur d’âme. Il était fier de l’avoir apprivoisée peu à peu, et sa curiosité de connaître à fond « la provinciale » lui suggérait cent petites ruses que madame Chaumette ne devinait pas.