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Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/33

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D’abord, en lui prêtant des livres faits pour l’étonner, il excitait ces enthousiasmes et ces indignations qui révèlent un caractère mieux que toutes les confidences. « C’est une aimable femme, pensait-il, honnête, mais romanesque, fort ignorante d’elle-même et que l’apathie de la vie de province conserve presque ingénue. Elle aime bien son grand et brave mari d’un amour paisible. Pourtant il y a en elle une énergie espagnole, une incroyable force nerveuse, tous les éléments de la passion que le hasard ne combinera sans doute jamais. »

Comme il arrive à tous les psychologues de vingt-six ans, quand le sujet de leurs expériences est une femme jeune et jolie, Demarcys apporta bientôt dans ses recherches une ardeur fort peu méthodique. La sympathie qu’il ressentait, désintéressée encore, submergea le pédantisme et l’enfantillage. Le jeune homme remplaça l’homme de lettres, et les sentiments de Jean se mêlèrent de rouerie et de naïveté. Marthe avait été trop longtemps privée du plaisir qu’elle ressentait à leurs entretiens, pour