Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/117

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toutes !… Elles sont ensorcelées… surtout les Allemandes !… Il y en a qui viennent, en voyage de noces, et qui restent à Capri. Elles font l’amour avec un pêcheur ou avec un chevrier…

— Vous vous moquez ?

— Interrogez les gens de Capri… Ils vous diront si c’est rare, cette aventure… Et nous avons connu à Pompéi un gardien qu’une artiste américaine a épousé, un simple gardien qui savait à peine lire… Mais il était beau !…

— Et l’Américaine était folle.

— Pourquoi ? Elle a eu un beau mari et lui une femme riche…

— Et vous approuvez ça ?

— Puisque c’était leur plaisir à tous deux.

Salvatore déclara :

— Mon frère plaisante.

Mais Angelo semblait penser que la beauté vaut la fortune et qu’un joli garçon possède en sa propre personne un capital naturel et fructueux.

Marie lui tourna le dos et dit à Salvatore qu’elle voulait visiter l’atelier.


Le jour du nord-est, calme, et refroidi, tombait sur le blanc triste des plâtres, sur les ébauches emmaillotées de toile humide. C’était un pauvre atelier, sans luxe, sans bibelots, presque sans