Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/139

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novice, l’humble touriste ordinaire, n’y voit que des murs bas et compacts qui gardent sur leur tuf le gris de la cendre, sur leurs briques le reflet rougeoyant d’un four. Presque partout, les étages supérieurs ont croulé sous le poids des matières volcaniques, et les maisons se sont effondrées en dedans. Déblayées, nettoyées, elles ne sont plus que leur propre squelette. Par la brèche du vestibule, apparaissent d’autres pans de murs, des colonnes dont la base est peinte, quelquefois une vasque, une table de marbre, une stèle, un Eros parmi les rocailles de ce qui fut un jardin. Et l’on entrevoit des fresques sur les parois qu’un auvent tout neuf protège. Le cinabre vif des stucs a noirci, les faux marbres se sont décolorés ; mais, dans l’ensemble, les tons d’ocre et de brun rouge dominent, chaudement patinés par le soleil.

Pauvre touriste ! Dans cette rue où M. Spaniello et M. Wallers se promènent, avec des regards possesseurs, il suivra le guide qui ânonne, le gardien qui ouvre les grilles, et la bande des Américains aux pieds rapides. Le Bædeker en main, il s’évertuera à distinguer l’atrium toscan de l’atrium tétrastyle, et l’atrium testudinatum de l’atrium corinthien ! Il confondra le tablinum et le triclinium, les décorations du premier style avec celles du quatrième