Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/155

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leurs lanternes de papier… La galerie Umberto regorge de foule. Angelo se rappelait la table du glacier, les vitrines des photographes et des marchands de corail… Il avait eu des aventures, dans cette galerie… Ô Naples bruyante, fleurie, souillée, chère Naples, où es-tu ? Le triste Angelo revoit tes filles drues, chevelues et chaudes, et regardant Pompéi roulée au linceul du soir, il pense :

« Sainte Madone ! il me semble que je couche avec une morte. »

Un vrai Napolitain porte le dieu de la combinaison dans son âme ingénieuse. Angelo eut des conférences secrètes avec le garçon et la fille de chambre, à l’auberge de la Lune. Et le professeur allemand qui s’éternisait dans la plus belle chambre — dans la future chambre de Marie ! — trouva un scorpion dans sa cuvette. Le scorpion était mort et desséché depuis l’automne, mais le professeur faillit tomber en syncope, et sa fureur balbutiante fit craindre à MM. Weiss et Hoffbauer qu’il ne mourût entre leurs mains, de congestion. Malgré les efforts de ses compatriotes, il voulut quitter immédiatement l’hôtel et, le soir même, il prit le train pour Pœstum, Taormine et Syracuse.

Angelo donna une pièce au domestique, un