Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/156

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baiser à la servante, et consola le patron en lui promettant le secret sur cette aventure.

La chambre au scorpion fut nettoyée et M. Wallers annonça la prochaine arrivée de sa fille. Alors, Angelo se multiplia. Il fit le peintre décorateur, l’ébéniste et le tapissier. Par ses soins, le plafond devint un ciel bleu où s’envolaient des hirondelles ; un vieux rideau se rajeunit en housse sur un fauteuil ; des mousselines orientales, un peu usées, un peu effrangées, cachèrent les portes, et, pour rendre une virginité à la table branlante, à la toilette boiteuse, on fit venir de Naples quatorze petits pots de ripolin.

M. Wallers, candide et sans aucun soupçon, admirait l’activité du jeune homme.

Il disait à M. Spaniello :

— J’ai calomnié le petit di Toma ! Je le croyais paresseux… Point du tout ! Il n’était que distrait et léger. Bien surveillé, il fera merveille… Et je me félicite de le tenir ici, sous ma main. Sans doute, à Naples, quelqu’un l’empêchait de travailler… ou quelqu’une…

Marie arriva enfin, conduite par Salvatore. Elle trouva sa chambre toute blanche, avec un plafond tout bleu, et partout des roses peintes en guirlandes, partout un parfum de térébenthine qui s’en irait vite dans les courants d’air… Une