Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/16

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beauté blonde, elle a répudié toutes les vertus de sa race et se souvient trop d’avoir été élevée à Paris. Sa mère, veuve avant la trentaine, riche, jolie, frivole, s’est hâtée de la marier pour se remarier elle-même avec un Américain. Depuis sept ans, Isabelle est la femme du filateur Van Coppenolle ; elle habite Courtrai qu’elle déteste. Elle a deux enfants, un honnête homme de mari, une belle-mère un peu tracassière, une grosse fortune, une admirable santé et elle se trouve malheureuse. Deux ou trois fois par an, sous divers prétextes, elle passe la frontière qui est toute proche et se réfugie chez les Wallers. L’archéologue la reçoit fraîchement, mais il est le seul parent d’Isabelle, et il a pris l’habitude de la protéger. Lui-même, hélas ! a vu se disloquer le ménage de sa fille. Les circonstances, plus que son humeur naturelle, lui défendent la sévérité. Il s’entremet donc auprès de M. Van Coppenolle et tâche de réconcilier les époux. C’est l’affaire de quelques jours. Isabelle, bien morigénée, reprend le train. « Je ne recommencerai plus ! » dit-elle. Et, cinq ou six mois plus tard, elle recommence.

Mademoiselle Hautremont suppose que la crise actuelle approche du dénouement et que M. Van Coppenolle arrive, pardonnant et pardonné. Le séjour de la fantasque Isabelle ne peut se pro-