Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/169

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Il y avait encore une demi-douzaine de personnages qui ne parlaient pas français, et qui occupaient un bout de la troisième table, — celle des touristes passagers.


— Monsieur le professeur Wallers, où étiez-vous, ce matin ? dit M. Hoffbauer avec un dur accent et un sourire épanoui… Je suis allé à cette ferme près du Vésuve, où l’on a trouvé les restes d’une villa… Il y a de très belles peintures dans cette villa, monsieur Wallers. L’administration n’a pas d’argent pour les acheter, et la loi italienne interdit au propriétaire de les vendre, et même de les montrer, contre argent… Je suis allé chez le fermier pour le convaincre de me laisser prendre une petite photographie.

M. Wallers bondit.

— Et vous avez…

— Ach !… Je n’ai rien… Le fermier a peur du gouvernement… Peut-être il veut… comment dites-vous ?… que je chante… Et moi, je ne veux pas chanter… D’ailleurs, ce qui est défendu est défendu… J’ai dit seulement : « — Vous avez bien vu la fresque, mon ami ? — Sissignore… — Vous pouvez me la décrire, bien exactement ? — Sissignore… — Eh bien, décrivez, en détail, n’est-ce pas ? le fond, la bordure, le sujet, tout, et je vous donnerai vingt lires…