Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/172

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recette de pudding que j’ai traduite pour ma chère fille Pompeia. Madame Laubespin aime les enfants ; elle n’est pas coquette, pas frivole, et le sérieux de son esprit me fait dire : elle a quelque chose d’allemand.

— Non ! s’écria Angelo dit Toma. Gretchen et Charlotte sont des bourgeoises vulgaires auprès de madame Laubespin… Regardez-la… Tout en elle est sentiment, tout est poésie et mélodie… Quand elle marche entre les cyprès et les tombes antiques de la Voie des sépulcres, je crois voir descendre sur elle un nuage de fleurs semées par les anges… Et je salue la nouvelle Béatrice par qui je voudrais être un nouveau Dante… Disons la vérité ; il y a en madame Marie quelque chose d’italien.

— Il est vrai, dit l’abbé Masini, mais vous savez que Béatrice représentait la théologie. C’était une abstraction. Madame Laubespin, par sa modestie et sa piété, me fait songer à sainte Cecilia qui était artiste comme elle…

— Vous me comblez, messieurs, répondit la jeune femme en riant, mais je me connais : je suis une petite provinciale, un type féminin très commun en France, et j’accepte vos éloges pour en faire hommage à mes sœurs innombrables…

— Innombrables ?… Marie exagère un peu, dit Wallers avec tendresse… Même en France.