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Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/178

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l’amour… Donna Carmela était folle, depuis vingt-cinq ans, folle de passion pour ce fils qui était elle-même, recréée, élevée à la dignité masculine, rajeunie, embellie, adorée…

— Maintenant que je vous ai vue, dit Marie, je me sauve. Je vais visiter les magasins de Chiaia et, demain, la couturière viendra prendre mes mesures ici.

— Permettez que je vous accompagne ? demanda Salvalore timidement.

— Bien volontiers. Il me faut des gants, des chaussures…

— Eh ! n’allez pas à Chiaia ! Tous ces marchands sont des voleurs… ils dépouillent l’étranger. Je vous conduirai chez d’honnêtes gens, qui sont de mes amis, et qui vous vendront des choses splendides, pour rien, pour le plaisir… Ils m’aiment d’une amitié extraordinaire, ces hommes-là !

Marie, confiante, suivit Salvatore. Ils prirent un tramway jusqu’à San Ferdinando et remontèrent à pied vers la place Dante, par l’ancienne rue Toledo. Les promeneurs et les badauds foisonnaient devant les charcuteries, les boutiques de journaux, les salons de coiffure, les débits de tabac où l’on vend les billets de lotto.

— Votre sac ? disait Salvatore… Tenez-le bien… Cachez votre chaîne de montre…